" Il n'y a d'intéressant sur la terre que les religions ", notait Baudelaire dans ses Journaux intimes. Salomon Reinach (1858-1932) fut de son avis, puisqu'il consacra sa vie entière à l'étude des cultes, des mythes, des croyances, des superstitions. De l'Antiquité gréco-latine à la Gaule gallo-romaine, rien n'échappait à sa curiosité. Et si les frères Goncourt avec leurs manies de " bibeloteurs " sont à l'origine du musée Carnavalet, Salomon Reinach est un des promoteurs du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, le musée qui nous renseigne le mieux sur nos origines lointaines, sur nos sources païennes et sur le début du christianisme en France. Salomon Reinach n'étudie pas seulement la manière dont ont été domestiqués nos animaux, il s'est également intéressé aux coutumes de mariage de nos ancêtres, au totémisme druidique et à Vercingétorix, à la figure d'Orphée et aux vestales romaines, aux cathares et à Gilles de Rais, à Jeanne d'Arc et à l'inquisition. Tous les aspects de la vie religieuse le fascinent. Durant des années, il a donné, à des revues plus ou moins savantes, des études extrêmement précises sur des points qui paraissent de détail mais qui sont révélateurs des grands problèmes fondamentaux. De 1905 à 1923, il a réuni dans cinq gros volumes intitulés Cultes, mythes et religions, des études dont la plupart font toujours autorité. Nous en avons retenu les plus importantes : toutes ont été préfacées par Hervé Duchêne. Pierre Brunel, professeur à la Sorbonne et éminent spécialiste des mythes littéraires, dit dans son avant-propos tout ce que sa réflexion doit aux travaux irremplaçables, mais hélas introuvables, de Salomon Reinach, qui reparaissent ici pour la première fois après trois quarts de siècle d'ombre : une renaissance plus qu'attendue.
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