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L’œuvre de Nerval, si singulière, a souvent été l’objet de lectures qui ont essayé de montrer la profonde organisation d’une poétique, thématique ou structurelle, en reconstituant une esthétique d’une séduisante cohérence. Pourtant, la nouvelle édition de La Pléiade a révélé sa fragmentation tragique, dans une enquête pleine de zones d’ombres, d’incertitudes, avec ses redites, ses contradictions. Une réalité douloureuse, celle de la difficulté de l’écriture, est apparue dans son dénuement.
Interrogeant la segmentation et les répétitions, c’est ce désordre émouvant que ce travail voudrait questionner, en suivant le cheminement peu orthodoxe du poète, à travers des ouvrages de facture diverse, du journalisme aux traductions, du théâtre de collaboration aux canevas d’opéras, des nouvelles aux poèmes à forme fixe, et jusqu’à une autobiographie rêvée, afin de proposer une lecture qui s’inscrirait dans ce que Barthes a appellé, en 1978, à propos de Proust, une «histoire pathétique de la littérature», attachée aux «moments de vérité» qui donnent leur dynamique à l’œuvre. Dès lors, «l’émiettement» est la rançon de cette expérience.
Dans les déchirures, la figure d’un poète inquiet se dessine, lequel marche en aveugle vers une Étoile, absorbé par la coïncidence de la signification du monde avec celle de sa vie. Cette biographie de l’œuvre analyse le parcours répétitif, enchevêtré, concentrique, d’un poète meurtri, dans sa tentative d’atteindre le cœur du réel, de l’autre côté du désespoir.
Corinne Bayle est Maître de Conférences en littérature française à l’Université de Brest. Elle a publié Romans et contes de Pierre Reverdy: une poétique de la marge (Champion). Elle publiera en avril 2002 Rouges Roses de l'oubli dans la collection «Recueil». Elle est membre du comité de rédaction de la revue Le Nouveau Recueil
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