C’est au cours du XIXe siècle que le compagnonnage subit de profondes transformations. Issu de l’Ancien Régime. Il s’efforce tant bien que mal de perpétuer des usages, des rites, des symboles ou un vocabulaire au sein d’un monde ouvrier qui les rejette et qui subit la révolution industrielle. Les compagnons font alors imprimer leurs chansons, leurs idées et leurs Mémoires. Ils découvrent aussi le pouvoir de l’image. Dés le début du XIXe siècle, ils acquièrent de belles compositions à l’aquarelle auprès de peintres spécialisés. Ces souvenirs orneront leur foyer quand ils auront achevé leur tour de France. A ces images quelque peu stéréotypées succèdent les lithographies. Des idées et des représentations nouvelles se diffusent alors partout en France. Des modèles s’imposent, parfois jusqu’à nos jours. Une singulière alchimie de symboles issus des vieilles traditions des Devoirs, du christianisme social, mais aussi de sources très hétérogènes et insolites, reflète les grands courants du Compagnonnage de cette époque : la fascination pour l’ésotérisme, la franc-maçonnerie comme modèle, l’attrait pour les légendes, mais aussi la mutualité, la réconciliation des Devoirs, la recherche d’une identité corporative. L’imagination des compagnons éditeurs de lithographies se conjugue avec des emprunts de toutes sortes pour constituer un genre à part. C’est à ce monde méconnu que Laurent Bastard nous introduit en présentant une quinzaine d’images superbes issues de différents corps de métiers (boulangers, charpentiers, bourreliers, tisseurs…) ou de courants de pensée particuliers (l’ésotérisme, la fraternité, la Sainte-Baume, les trois fondateurs, l’union des corps d’états…).
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