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Au Moyen Âge, la conception d’un espace sacré relevait d’un processus créatif très différent de ce que nous connaissons aujourd’hui. On attribuait une valeur quasi sacrée aux nombres et à la géométrie, considérés comme les reflets de l’harmonie cosmique.
Cet essai a pour objectif de tenter de comprendre le processus créatif d’un maître d’œuvre du Moyen Âge dans la conception d’un espace sacré, sachant qu’il relève d’une mentalité bien différente de la nôtre, celle d’une époque où l’on attribuait une valeur quasi sacrée aux nombres et à la géométrie, considérés comme les reflets de l’harmonie cosmique.
Quel germe a nourri l’émergence du projet et comment le maître d’œuvre l’a-t-il développée ? Quels sont les principes cosmo-théologiques et les contenus symboliques sous-tendant les développements géométriques et le choix des mesures ?
Chef-d’œuvre de l’architecture romane cistercienne, encore aujourd’hui objet d’admiration pour des architectes parmi les plus notoires, l’abbaye du Thoronet est bien plus qu’un haut lieu de la Chrétienté. Car, maillon d’une longue chaîne, elle déroule secrètement et mystérieusement le fil d’une tradition qui plonge ses racines dans le terreau d’une civilisation méditerranéenne plusieurs fois millénaire.
Pour accompagner les textes explicatifs, de nombreux dessins et illustrations présentent les principes cosmo-théologiques et le symbolisme géométrique et arithmologique qui sous-tendent l’œuvre, avant d’aborder l’étude proprement dite de la composition de l’abbaye dans son ensemble, puis de l’abbatiale, du cloître, de l’armarium (la bibliothèque), de la salle capitulaire et du maître autel – un des rares maîtres autels d’origine conservés dans une abbaye cistercienne du Moyen Âge – qui constitue en quelque sorte la signature du maître d’œuvre et une magnifique synthèse de sa démarche.
Ces analyses se terminent par un essai sur les origines cosmiques du pentagramme (l’étoile à cinq branches, figure récurrente dans les développements géométriques de la composition de l’abbaye) et de la coudée royale d’origine égyptienne, mesure de base de la métrologie.
Les auteurs
Paul Goffin (1946-2013) est architecte. Diplômé du Jury central de Belgique, il s’installe dès 1972 dans le Var où il fonde sa propre agence d’architecture, à Draguignan puis à Saint-Raphaël. En 1981 et 1982, le voici à New York dans l’agence J. Gordon Carr, chargé de l’aménagement de bureaux de prestige. De retour en Europe en 1983, il intègre l’équipe des commissions techniques du futur Opéra Bastille à Paris, en tant que responsable de l’architecture des salles sous l’aspect de leur qualité acoustique. En 1984, à Londres, il est le collaborateur de l’architecte Abdel-Wahed El Wakil, chargé de l’étude d’un palais à Djeddah. Entre 1985 et 2003, il fait plusieurs séjours au Caire. Il rencontre l’architecte Hassan Fathy, fervent défenseur de l’architecture traditionnelle égyptienne, qui confirmera son intérêt pour l’architecture vernaculaire. Il collabore avec deux élèves d’Hassan Fathy, les architectes Rami El Dahan et Soheir Farid pour la conception d’un hôtel à Quseir, et la nouvelle ville de Taba, dans le Sinaï, des projets inspirés de l’architecture traditionnelle à voûtes et coupoles. Il participe aussi au concours de la bibliothèque d’Alexandrie. Chargé de la rénovation de bâtiments du Club Med, il séjourne plusieurs mois à Louxor et à Assouan. Entre ses séjours en Égypte, il travaille en France. Il réalise un projet d’hôtel pour Pétra, en Jordanie, aménage à Grasse une ancienne bastide en relais-château et construit quelques villas dans la région de Draguignan et le Vaucluse. Et bien sûr, continue de mûrir son projet de livre sur l’architecture sacrée de l’abbaye du Thoronet.
Colette Henrion (1943) est architecte et historienne de l’art, titulaire d’un doctorat de troisième cycle de la Sorbonne pour une thèse dirigée par Olivier Revault d’Allonnes, L’anti-architecture. À propos de quelques tendances de remise en question du dogmatisme en architecture. Elle est professeur honoraire de l’institut d’architecture Lambert Lombard (aujourd’hui faculté d’Architecture de l’Université de Liège), où elle a enseigné la théorie et l’histoire de l’architecture, et dirigé un atelier de recherches sur l’architecture organique.
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