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André Suarès est l’une des figures majeures de la littérature française du XXe siècle. Au même rang que les Claudel, Gide ou Valéry. Il a exercé une forte influence sur des écrivains comme Malraux, Blanchot ou Bonnefoy,
Son œuvre est très vaste et d’une écriture admirablement ciselée. D’une famille juive d’ascendance portugaise, il est profondément cosmopolite et particulièrement attentif à tous les risques de dérives totalitaires et antisémites. Profond analyste des hommes, ses fulgurantes intuitions en font un prophète des temps à venir.
Antoine de Rosny est l’un des meilleurs spécialistes actuels de l’œuvre de Suarès. Il a publié récemment La Culture classique d’André Suarès (Garnier, 2019) et Vues sur l’antiquité (Champion, 2020).
Suarès est l’égal des plus grands, mais qui connaît son œuvre hormis les lettrés ? Déjà Gide s’étonnait que cette œuvre, si vaste et si puissante, soit si peu lue : « Nos arrière-neveux s’étonneront du silence que notre époque a su garder ou faire autour de Suarès. » Mais Malraux le proclamait hautement : « Pour nous, au lendemain de la guerre, les trois grands écrivains français, c’étaient Claudel, Gide et Suarès. »
L’œuvre de Suarès, il faut le rappeler, est considérable : plus de 100 ouvrages, d’innombrables articles de revue, une monumentale correspondance avec les plus grands écrivains. Ses carnets inédits, conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, ne comptent pas moins de vingt mille pages.
Suarès, c’est, dès le premier abord, un style étincelant. Son écriture est incisive, dense, élégante, à l’image du latin des meilleurs auteurs ou du français d’un Pascal ou La Rochefoucauld. Musicien dans l’âme, amateur passionné de peinture et d’architecture italienne, il applique à sa prose une même exigence de clarté et d’harmonie.
Mais c’est aussi et surtout une pensée d’une lucidité et d’une liberté incomparables. En cela digne descendant de Montaigne. Face aux tentations totalitaires, il ne transige jamais. Contre les vastes empires, il exalte le rayonnement des petites nations comme Athènes, Florence ou la France.
Suarès ? Une sorte de Zweig français, excellant dans les portraits, les réflexions, les voyages – mais pétri de la lumière et des parfums de la Méditerranée.
Lu par Didier Ayres (La Cause Littéraire 7-10-2020, extraits)
Comment définir ma jubilation à la lecture de ce livre où André Suarès apparaît dans sa complexité autant que dans son intégrité intellectuelle ? Cette forme panoramique – à laquelle nous habitue la collection Ainsi parlait – permet de jeter une lumière sur ses intérêts artistiques et humains. De plus, j’y ai retrouvé des idées qui me semblent d’une grande justesse, provoquant mon alacrité intérieure. Car le sujet dominant de l’ouvrage réside dans la proposition suivante : comment augmenter la qualité morale et artistique de la poésie et du poète. Donc, quelle nature doit avoir l’artiste, s’il veut augmenter l’homme, lui faire rencontrer ce qui lui est principal ou principiel, en tous cas lui ouvrir le chemin de la quintessence de l’âme, essence qui ne doit jamais faiblir ? […]
Art, vie, langage, la morale, l’éducation, tour à tour évoqués, ne le sont que pour assigner au poète la mission élevée et souveraine de détenir la beauté, particulièrement avec la langue française que l’auteur met au sommet dans son panthéon. Donc, rien n’est exclu de la philosophie, de la méditation, de l’intellection de l’idée pure, nue, quasiment violente. Sur ce promontoire esthétique, il est possible de dire. Dire le mystère et comment ce mystère opère sur la littérature. L’artiste ne doit avoir de cesse de gravir. Et cette élévation a pour conséquence de toucher aux éléments invisibles, rendus présents par des dieux, force illuminatrice, et éminemment du Dieu chrétien, envisagé comme une cristallisation des temps, sujet à tout l’exhaussement spirituel et devenant une intelligence supérieure. « Le grand poète ne peut se passer de Dieu, ou connu ou cherché, ou désiré de la soif ou bu avec ivresse : quel qu’il soit, ce Dieu, ou de quel nom qu’il le nomme, le poète a besoin d’un créateur et d’un père : il lui faut, étant celui qui crée. » « Le grand artiste est un aristocrate. Voilà ce qui le sépare presque toujours du public et de son temps. »
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