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L’antimaçonnisme a pris naissance pratiquement en même temps que la franc- maçonnerie moderne elle-même, en 1717. Dés 1738, le pape Clément XII condamnait la nouvelle société, et la plupart de ses successeurs firent de même jusqu’au XXe siècle. À la fin du XVIIIe siècle, l’abbé Barruel élabore la thèse du complot maçonnique qui menace la cohésion de la France en sapant l’Eglise, l’Etat et la société. Les antimaçons ne font pas dans la nuance ; ils brossent le tableau d’une terrifiante mécanique occulte où les francs-maçons sont soutenus à l’intérieur par les juifs et les protestants, et sont aidés de l’extérieur par des puissances étrangères hostiles à la patrie française. Avec la recrudescence du conflit entre l’Etat et l’Eglise, qui fait suite à l’Affaire Dreyfus, les organisations antimaçonniques se développent puis, après la Révolution bolchevique et la publication des Protocoles des Sages de Sion, le thème du complot maçonnique se métamorphose en théorie du complot judéo-maçonnique mondial. Les francs-maçons sont alors considérés comme étant au service de la conspiration juive qui vise à installer la domination universelle d’Israël. Ce passé révolu a laissé des traces. L’antimaçonnisme est toujours vivace, et les mêmes accusations reviennent de nos jours en termes qui rappellent singulièrement un passé à peine enfoui dans la mémoire collective : soupçons, complot…
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